« Je ne suis qu’un paysan musicien », disait humblement Henri Meynard à ses amis lourmarinois. C’était sans doute déjà beaucoup pour ses contemporains, jusqu’à son décès en 1981. Cependant, durant ses presque huit décennies d’existence, il se fit également secrètement le mémorialiste de son village, appliquant avec rigueur dans ses écrits son sens de la vérité et de la vertu campagnardes nourri de ses racines autant protestantes que provençales.

S’appuyant sur les archives municipales alors conservées à la mairie, il s’est fait autant le témoin de son temps que l’historien de Lourmarin.

Il a publié de son vivant, en 1968, le premier volume de ce qui deviendra un triptyque : Lourmarin à la Belle Époque. Les deux autres le seront à titre posthume. Il avait l’année de sa disparition lui-même mis la dernière main à un manuscrit, qui deviendra Lourmarin et ses millésimes, une plongée dans les entrailles du passé de l’histoire villageoise stimulée par la recherche des dates gravées dans la pierre au-dessus des portes, signatures des propriétaires ou des maçons qui édifièrent ou reconstruisirent Lourmarin après le XVIesiècle.

Puis, en 2015, sous l’égide de Dominique Vernaud et de Jean-Pierre Muret, et avec le soutien de l’Église protestante unie de France, de larges extraits de son journal furent publiés sous le titre Henri Meynard, Lourmarinois, 1902-1981. Ce troisième ouvrage raconte la geste précise et attentive d’un village provençal de plus en plus touché par la modernité implacable et envahissante qui a transformé les paysages, les us et coutumes et bien sûr, les hommes et les femmes du Sud-Luberon.

Ces trois ouvrages sont de nature différente, mêlant l’histoire aux témoignages des générations qui ont précédé l’auteur à la fin du XIXe siècle et à sa propre existence. Un parcours de vie riche et divers : tour à tour, et en même temps le plus souvent, celle d’un paysan, d’un facteur, d’un enquêteur et d’un marcheur, d’un muletier, d’un instrumentiste où il excellait au piston, et d’un chef d’orphéon.

Aujourd’hui, ces trois ouvrages sont tous épuisés. L’association « Lourmarin, Culture et Patrimoine » se propose de les rééditer, corrigés et enrichis de nouveaux témoignages. Ils feront l’objet d’une nouvelle maquette et proposeront des illustrations supplémentaires.

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