Veillée Henri Meynard – Jeudi 27 juillet 2023

31 Juil 2023

Compte-rendu de la soirée

Alexandre Alajbegovic : mot de bienvenue

Pierre Croux : Souvenirs d’Henri Meynard

« Mon premier souvenir : À 11 ans, venant passer mes vacances au château, du temps de Mme Lecoq, invité par Mme Gilles, qui était la gardienne, et allait devenir ma belle-mère. H. Meynard passait avec sa mule « Nine » et sa charrette, en partant d’ici (sa maison au village), en allant aux Estableries pour faire « boire » comme on disait, parce que là-bas il y avait le pré avec l’eau qui passait. C’était toujours à des heures tardives, et il passait à côté de la petite tour où habitait le gardien, et là il y avait ces fameuses veillées où Mme Lecoq, ou ma belle-mère Mme Gilles, une vieille tante, tante « Mouton » et puis un conteur qui venait de Cadenet et qui entretenait les gouttières parce qu’il était ferblantier, peut-être certains l’ont connu, c’était Soleil Jacquème1, c’était un autre auteur, un poète aussi. Ce premier souvenir en 1947 d’H. Meynard qui venait à la veillée raconter tout ce qu’il savait de l’histoire du village. »

Alexandre lance un appel aux souvenirs des lourmarinois qui ont connu Henri Meynard.

Ginette Barthélémy :
 
« J’ai été trois ans sa voisine. On se parlait de terrasse à terrasse. Quelque fois je croyais qu’il avait du monde chez lui : En réalité il parlait à son cheval, mais comme à un être humain… Le cheval était en bas. C’était un homme très chaleureux, très gentil, mais au fond assez timide, assez réservé… mais quand il avait quelqu’un avec qui il était en confiance, il était adorable. Je n’ai que des bons souvenirs de lui, quand on a pris cette maison en viager quand il a pris de l’âge, on garde le souvenir d’un homme merveilleux. »
 
Alexandre :
« J’étais la semaine dernière avec la famille (Vergnaud) qui me racontait qu’il se mettait souvent sur la terrasse pour voir passer les gens, et qu’il faisait de même en Suisse quand il leur rendait visite, et trouvait qu’il y avait très peu de monde qui passait ! Elle m’a autorisé à raconter que pendant la guerre il gardait un cochon à la cave, ce qu’il fallait garder secret, et un jour par malheur le cochon s’est enfui, qu’il a fallu le chercher à l’insu de tous et grâce au téléphone « lourmarinois » on a pu retrouver le cochon. »
Jean-Paul Motte :
 
« Je n’ai pas eu le bonheur de beaucoup fréquenter H. Meynard, mais je l’ai rencontré 2, 3 fois dans les années 73-74-75. Et je l’ai rencontré avec une personne qui habitait là, et qui est aujourd’hui le maire de Pertuis, Roger Pellenc, qui habitait là parce que son épouse était institutrice, et ils avaient le logement de fonction. Un jour que nous étions là-devant, R. Pellenc a dit à H. : 
J’aimerais bien que tu m’apprennes à jouer de la trompette.
H. lui a dit : 
 Il n’y a rien de plus simple, tu viens et je t’apprendrai. Mais pour que tu apprennes, il te faut un instrument. Tu en as un ?
Non.
Et bien je vais te confier celui-là. 
Et je vous l’ai amené : le premier cornet à piston d’H. M., et sur cette boîte qui est « dans son jus », peinte en noir certainement par H. M., il y a les initiales « M – H ».
Ensuite, H. M. j’ai beaucoup entendu parler de lui, car il a participé à la création de la plus grande harmonie du village, c’est l’harmonie « Durance-Luberon » qui était basée à Pertuis et qui avait rassemblé tous les musiciens de tous les villages du sud Luberon : 100 musiciens ! Petite anecdote en passant : il y avait les répétitions le jeudi soir dans une salle près de l’ancien Crédit Agricole à Pertuis et il y avait deux vieux bus de l’époque qui partaient faire la tournée des villages à l’ouest et à l’est de Pertuis. Tout le souvenir que j’ai c’est donc de sa passion de la musique et je vous montre donc son premier cornet à piston avec lequel il a dû jouer longtemps. »
 
Pierre Croux :
 
« H. M. qui s’intitulait lui-même le « paysan-musicien ». Dans ses livres, et notamment le troisième fait par Dominique Vergnaud, son Journal, on voit une photo de cette harmonie, c’est impressionnant ! »
 
Raymond Pézières :
 
« Henri Meynard était un homme désintéressé. Il n’a jamais fait fortune ; et j’ai plusieurs vieux amis qui malheureusement ne sont plus de ce monde… Ils étaient plus âgés que moi, je peux donner le nom de deux de ces amis : le premier c’était Eugène Laurent, l’expéditeur de fruits et légumes à Cadenet, et qui avait appris la trompette avec Henri, mais Henri ne voulait absolument pas qu’on lui paye ses cours, alors lui il apportait tout au long de l’année un sac de patates, des légumes ;  le second c’était Maurice Rossignol, pareil, il venait avec sa bicyclette d’Ansouis avec un sac à dos et un autre sac attaché au cadre du vélo avec soit une poule, soit une pintade, et ça payait les cours… »
 
Alexandre :
« Les choix musicaux sont inspirés par Henri M. Ce sont des chansons dont il parle dans ses livres… »
 
 
Chanson introductive des lectures : « Le Fiacre »
Serge Cosseron : Présentation de Lourmarin à la Belle-Époque
 
« Lourmarin à la Belle-Époque, c’est à la fois une suite à la fois de présentation du village, de son histoire, avec présentation des différentes personnes qui l’habitent, les paysans, les commerçants, les artisans, et ensuite dans une seconde partie il raconte les travaux et les jours à l’ancienne à travers  le rythme saisonnier, racontant à la fois la vie de ses compatriotes et racontant quelques anecdotes que nous allons écouter. H. M. était un grand nostalgique qui a vu la modernité bousculer ses habitudes anciennes auxquelles il était très attaché. Il a vécu les années 70/80 où le temps s’est accéléré, et où il a vu le rythme des saisons disparaître. Ce témoignage est écrit avec tendresse, avec chaleur, ce qui fait qu’ H. M. n’est pas seulement un paysan-musicien, mais aussi un paysan-écrivain. »

Lecture de « Les Paysans »

Surraya Mahmood

Alexandre : Pas mal pour un paysan !
Et on n’a lu qu’un tout petit passage de ce livre. Vous vous rendez compte de ce qu’il contient … H. M. est un merveilleux conteur et passeur.

Lecture de : « La cueillette des amandes »

Fabrice Monod

« J’ai choisi un texte qui évoque un Lourmarin rural, agricole, industrieux et plein de bonheur. » 
 
S’ensuit, avec Fabrice qui sort des amandes de ses poches, une tentative sans succès de reconnaissance de la première variété citée, les amandes « Princesse » :
 
Geneviève Davin : Je me souviens quand il plantait le couteau dans la pastèque, qui était bien rouge, et quand il mettait le couteau, elle explosait, c’était d’une fraîcheur, c’était vraiment… Bon, après, Paul l’a connu mieux que moi, parce qu’il a fait beaucoup de travaux là-dedans… il a beaucoup travaillé là… 
 
Alexandre
 Il vendait le reste de sa récolte, des fruits, des légumes ?
 
Geneviève
Ah, ben je sais pas, moi, Je venais les acheter là, j’avais 15 ans…
Pierre Croux : « Serge nous a parlé des déceptions d’ H.M. Voyant disparaître le Lourmarin de son enfance. Par exemple la déviation : avant les années 70, tout passait par le village, les cars, les voitures, les charrettes, tout, et dans les deux sens ! Le tour de France est passé en 1968 dans le village ! Et cette déviation, ça a été un désastre ! Henri devait aller presque tous les jours sur le chantier, car c’était une catastrophe, car cette voie de 17 ou 18 mètres, qui n’était au début qu’une tranchée a découpé tous les jolis jardins qui étaient dans cet espace ! Les fêtes votives également ,la fameuse fête Saint-André : Henri a beaucoup regretté qu’elle disparaisse, avec tous ces forains, ça a été une de ses déceptions. Une autre, et j’en suis un peu responsable, c’est lorsque l’on a commencé à construire en dehors du village en direction d’Apt, et je crois que Dominique Vergnaud, lorsqu’elle a trié dans les archives le Journal, elle a dû mettre de côté quelques mauvaises phrases à mon encontre ! Une fois il est allé voir ses amis les Perraud, Pierre et Paulette qui habitaient un immeuble du bout, et il ne s’est pas trop prononcé… Il a vu naître aussi la deuxième aiguille à notre horloge (en 60). Lui-même avait eu l’électricité dans sa maison en 28… »
 
Alexandre : « On a parlé de ces épisodes de l’agriculture, de la vie du village, et en lisant Lourmarin à la Belle-Époque, il y a aussi des grands enjeux sociétaux qui trouvent des répercussions dans la vie du village. »
 
Chanson : « Frou-frou » (1er couplet et refrain)

Lecture de « La procession et l’orphéon »

Thierry Laigle

– Présentation du contexte politique
– Lecture d’un extrait

Chanson : « Lou cant dou Souléu » (extrait des Iscles d’Or de Frédéric Mistral)

Chanson : « Le violon brisé », sur la défaite de 1870.

– Résumé de la suite et lecture de la fin du récit d’H. M.
– Carrière à Paris de Gregorio sous le pseudonyme de Paul Rosario et chanson composée par lui :« Pauvre Pierreuse »

 

Jean-Claude Spina : « J’étais à l’école, et on le voyait tous les jours, sauf le jeudi ! Il faisait le facteur, il n’était pas le seul, il y avait aussi M. Sarlin qui faisait les remplacements. Il parlait pas beaucoup, mais il écoutait dans le village. Il passait dans les campagnes à bicyclette. »
 
Alexandre : « Lors de ma discussion avec la famille, ils m’ont dit qu’il avait aussi eu un cyclomoteur. Est-ce que quelqu’un aurait vu H. M. avoir troqué « Nine » pour un Solex ? Légende urbaine ? Ah, tu dis oui, Pierrot ! »
 
Pierre Croux : « C’était un des premiers vélomoteurs. Il était dans la remise ; et il est toujours là aujourd’hui, car quelqu’un s’est porté acquéreur et l’a remis bien en marche et continue à le faire rouler.  Pour Henri, ça avait été un événement, comme l’électricité, le téléphone, etc. On a pas assez insisté sur le fait que c’était aussi un grand conférencier et qu’il est intervenu x fois au château. Il a été interviewé, la télé est venue chez lui, la radio, je ne sais combien de fois,  avec Robert Ytier etc. Il était couru pour communiquer sur l’histoire de Lourmarin. Les communications qu’il a faites au château étaient très suivies, parce que finalement il a fait un travail d’archivage, c’était un fouineur, il a beaucoup cherché. Il avait les qualités de musicien, paysan, on le sait, pasteur, gui de ce musée (il remplaçait le conservateur de ce musée, souvent H. qui habitait en face faisait visiter). Il avait fait au château une belle communication sur ce lourmarinois pas très connu qui a fini aux États-Unis, qui a écrit des poèmes en provençal ; ça c’est une belle histoire, ça ferait une veillée sur ce Julien qui a écrit la « Julienne provençale ». H. avait travaillé sur la vie de ce lourmarinois : en gros c’était un monsieur qui était né en 1805, qui avait bien connu Philippe de Girard qui lui avait obtenu une bonne place à Paris, de quoi faire des études, et ce M. Julien s’est épris des voyages. Il est parti en voyage très tôt, il a fait deux ou trois fois le tour du monde, en voilier tout ça, il est resté trois ans à l’île Bourbon, finalement il s’est retrouvé à New-York,  il avait à peine 24 ou 25 ans, il a ouvert un restaurant, et puis il a eu la nostalgie de Lourmarin, des années après, mais il ne pouvait plus venir, c’était trop compliqué à cette époque là, alors ce M. Julien a écrit un grand poème en provençal, avec le reste du provençal qui lui restait (il s’en excuse), poème qui a été publié, j’en ai un exemplaire, là, et H. M. avait beaucoup travaillé sur cette personne. »

Lecture de « L’oustau dei Mounjo » (La maison des religieuses).

Simon Chauvin

« Cette maison jouxte l’étendoir, qui est l’ancien cimetière, et d’ailleurs dans cet espace, contre le mur de droite, il y a encore une pierre tombale. »
 
Raymond Pézières : « Je crois qu’il avait aussi une petite chèvre qui suivait la charrette et la « Nine ». Il a joué dans l’Orphéon et je crois qu’il faisait le bal dans l’ancien hôtel Ollier, au fond de l’hôtel Ollier il y avait comme une terrasse en bois où les musiciens se mettaient là. C’était aussi le théâtre, et le cinéma. Le relais de diligence ! Le cinéma à l’époque était muet, et accompagné par Mme Sarlin au piano ! H. M. avait commencé tôt, à 12 ans, il n’avait pas que le piston, il avait aussi la trompette ! »
 
Fabrice : «L’histoire que je vais vous lire, c’est l’histoire d’un projet incroyable qui aurait pu changer le destin du village d’une manière drastique. »
Lecture de « Le chemin de fer »
« Il y a une question à laquelle il n’a pas été répondu ; Est-ce-que l’on regrette aujourd’hui la gare qui n’a pas été construite à Lourmarin. »
 
Chanson : « En revenant de la revue » (1er couplet et refrain)    
 
Surraya : « J’aime beaucoup le traitement par H. M. des faits-divers. »
Lecture de « La course cycliste »
 
Alexandre : « Avant que vous ne vous éparpillez, la famille a mis à notre disposition la cour Meynard, qui est ouverte, et vous y verrez des photos des années 50 d’Albert Chapelain, qu’a mis à notre disposition Ophélie et qui feront probablement l’objet d’une prochaine exposition. »

Serge : Présentation de la souscription pour la réédition des livres d’Henri Meynard.